Cessez-le-feu
Alors, voilà. Par un petit dimanche matin d’un froid piquant, on rencontre JFF, comme ça, tout seul, qui s’en va certainement acheter quelques croissants pour le petit-déjeuner familial dans sa boulangerie préférée, à Saxon (je sais c’est un peu loin mais avec le 4X4 c’est vite fait et puis ils sont tellement bons là-bas, les croissants). On échange quelques amabilités, quelques propos convenus : « Je vous lis », « Moi aussi », « C’est parfois méchant.», « Merci ». Devant sa tête mal réveillée, ses yeux embrumés de sommeil, les traces de l’oreiller encore inscrites sur sa joue et sa tignasse ébouriffée on n’a pas le cœur d’être méchant. On est humain merde. On lui avoue tranquillement que, pendant les fêtes, on n’a pas trop l’esprit à la mauvaise foi et que, malgré un athéisme chevillé au corps, on va respecter un peu l’esprit de Noël, faire une trêve.
Et voilà que le jour suivant, le lundi (hier donc), JFF profite honteusement de cette léthargie avouée pour envoyer aux orties ce pacte tacite de non-agression. Et avec l’artillerie lourde, je vous prie de le croire. Il n’y est pas allé avec le dos de la louche à caviar. D’abord une petite mise en bouche avec l’ignoble Nidegger qui nous bave une diatribe enflammée sur sa fierté à être, dans un monde en constante évolution, un conservateur pur fruit. Il se réclame même, dans la toujours très florissante rubrique « L’invité », de ces valeurs qu’a incarné la génération d’entre-deux-guerres. Ça a le mérite d’être clair. L’entre-deux-guerres a vu s’épanouir quelques merveilleuses idéologies qui font encore rêver : antisémitisme, haine de l’autre, gloire de la nation et glorification des héros, pour ne citer que celles-là. On savait déjà que l’UDC avait des relents nauséabonds des années trente mais on ne voulait pas croire que ce fût si assumé. On espérait encore qu’ils auraient la décence de ne pas le revendiquer. Ben non, tout faux. Pour ces gens, des trains qui arrivent à l’heure et des autoroutes bien construites valent plus que six millions de vies humaines.
Après cette bluette noire brune, J.-R. Putallaz nous fait sa pub sur une page entière. Il nous révèle sa maladie pour vendre son bouquin, rien à redire. C’est consensuel, propre, léché, bref tout ce que nous apprécions nous ici à « Sortez de ma chambre ». J’ai peur tout de même que ce soit un peu triste en cette période de fête. Heureusement que France Massy arrive à la rescousse avec un excellent publi-reportage sur le Caviar-House de Crans-Montana et ses délicieux petits œufs. Voilà un sujet en page 2 et 3 qui est prompt à redonner du courage au consommateur et à relancer durablement l’économie. On va me dire que je m’acharne sur cette pauvre Madame Massy, que je tire sur une ambulance, mais quand même, si, comme l’aime à le rappeler souvent JFF, 79% du lectorat du NF est de centre droit, je doute fort que son magnifique article soit compris et apprécié par tous. Ce n’est pas parce qu’on est de droite qu’on a forcement les moyens de faire le niaf sur les terrasses de Crans (chauffées bien entendu, c’est tellement plus âââgréable). On n’a pas tous non plus la possibilité de faire passer ses petits caprices en note de frais. Mais il est vrai que l’actualité manquait un rien de piquant. Juste deux cent septante morts à Gaza ce n’est pas grand-chose. Ça n’évoque rien, ça ne fait pas rêver et ça frustre le client qui retient alors un brin sa frénésie d’achat. Les annonceurs font alors la gueule et ne passent plus d’annonces et que c’est monstre pas facile après pour faire le journal. Bref, vaut mieux pas en parler.
Au cas où on n’aurait pas totalement saisi que l’heure n’est plus aux jérémiades mais aux réjouissances et à la consommation, elle nous en remet une couche avec un article sur une improbable artiste hollandaise qui a le culot d’exposer ses croûtes dans je ne sais quelle galerie de la même station. Eh ! France ! Il te faut redescendre de ton alpage, il y a des trucs valables qui se font en bas. Il y a une flopée d’artistes en Valais ayant mille fois plus de tallent et crevant d’un manque d’intérêt. Forcement, avec trois flûtes salées et un verre de blanc tiède, leurs vernissages manquent un peu du faste qui t’attire tant. Mais leur peinture est vraie, elle leur sort du corps et des tripes. Ils ne peignent, ne sculptent et ne gravent pas pour faire plaisir à un public mais parce que chez eux, c’est un besoin. Parce que cette fièvre créatrice qu’ils ont en eux les brûle s’ils ne l’extériorisent pas. Ils refuseront d’accorder leur art avec le canapé de la salle d’attente du cabinet dentaire du mari de Madâme Truc ou de répondre aux lois du marché, ces cons.
Jean Bonnard avait peur que nous vous ayons, avec nos remarques stupides, bêtes et méchantes, coupé la plume. Nous, on regrette amèrement, au vu de la médiocrité de ces articles, que ce ne soit pas le cas.
Maintenant tu sors de ma chambre, tu fous des miettes partout avec tes petits fours.
Alcazard qui réveillonne aux œufs mayo.
janvier 2nd, 2009 à 8 h 35 min
Pis on ose parler de gauche caviar! Ben merci pour tous ceux qui finissent le mois avec -600.00 sur le compte Raiffeisen et qui n’ont pas accès aux « fameuses notes de frais »! Ben moi je vais aller voir la dernière expo à la Gallerie le 7 à Martigny (on paye pas d’entrée et c’est foutrement bien) et puis après, je vais me goinffrer de crêpes maison généreusement cuisinées par mon homme! J’aime même pas le caviar…
janvier 2nd, 2009 à 12 h 27 min
Ça me fait penser à Coluche (misère, misère)
« – Je m’excuse. Tout ça pour du fric, du fric, voilà.
– Et pour manger du caviar à la louche. C’qui faut être snob hein.
– Entre nous… C’est pas meilleur à la louche. «
janvier 4th, 2009 à 21 h 57 min
Pauvre Alcazar !
Pour un peu ta bonne foi et tes gérémiades humanistes
sembleraient sincères, …
Amis du convenu sortez les mouchoirs !
Conseil d’ami : en 2009 va plus souvent chercher
les croissants pour ta famille (à pieds ça va aussi)
au lieu de faire des heures sup. à »ranger la cave »
et t’auras peut-être droit à des chataignes pour
le réveillon !
janvier 5th, 2009 à 9 h 28 min
Super, un commentaire de JFF. J’attends celui de Jean-louis Muraz et je réponds….
janvier 5th, 2009 à 20 h 37 min
Chich !