Hitler était-il socialiste ?


L’éminent professeur Windisch suggère dans son désormais fameux article du Nouvelliste que le leader nazi a frayé avec le socialisme. Et certains lecteurs de notre blog, thuriféraires de la pensée windischienne ayant clairement posés cette hypothèse d’un Hitler socialiste, je vais modestement contribuer au débat avec cet article. Autant vous le dire tout de suite, et ça ne va pas vous surprendre,  je balaie totalement cette thèse. Pour moi, il y a une multitude d’éléments qui l’infirmeraient.

Une des bases du socialisme est la défense de la fraternité et l’unité du genre humain. Il faudrait faire un grand écart intellectuel  pour rapprocher cette vision socialiste avec le mythe de la race prôné par Vacher de Lapouge, Herbert Spencer et Gustave Le Bon qui furent les instigateurs moraux de la politique raciale et antisémite d’Adolf Hitler.

Ensuite la pensée d’Adolf Hitler est essentiellement contre la gauche. La lecture de son manifeste politique en est la preuve. « Mein Kampf » est un ouvrage violemment antisocialiste. Il traite le marxisme de doctrine « juive  » et de « peste mondiale » et critique sévèrement le matérialisme historique ainsi que la vision du politique comme mode de domination.
Cela se traduira dans les faits. Les militants du KPD (parti communiste allemand) et du SPD (parti socialiste allemand) seront parmi les premiers à être envoyés dans les camps de concentration. Le SPD fut par ailleurs le seul parti à voter contre la loi des pleins pouvoirs de mars 1933. (Le KPD était déjà interdit) Et on retrouva les militants socialistes et communistes dans la résistance (active et passive) au nazisme aux côtés d’une résistance d’inspiration chrétienne (ça c’est pour faire plaisir à V. Pellegrini).

Sur quoi se basent les personnes qui affirment qu’Hitler était socialiste ? Premièrement, sur le nom du parti nazi, le NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands ). Il faudrait dire à ces personnes que le parti national-populiste suisse UDC signifie bien Union démocratique du centre. Et pourtant…

Deuxièmement, et c’est plus intéressant, les critiques se basent sur le terrain économique. Elles ont été l’œuvre, juste après la guerre, d’économistes libéraux et particulièrement de Von Hayek (encore lui !) dans son livre « La route de la servitude » et de Ludwig Von Mises. Deux argumentaires sont employés :

1) Ça serait dans les masses, et non dans les classes élevées de la tradition prussienne, que le national-socialisme a surgi.

Faux. A la création du NSDAP se trouvent des gens proche de l’armée frustrés par les conditions défavorables à l’Allemagne du traité de Versailles. ‘Hitler dénonçait ardemment  ce traité contrairement aux partis établis. Cela contribua à rapprocher du parti nazi certains cercles bourgeois . Le 28 févier 1926, Hitler eut par exemple l’occasion de parler devant le Habmburger Nationalklub et entre juin 1926 et décembre 1927, ce n’est pas moins de 5 fois qu’il fut l’invité des industriels de la Ruhr. Des industriels qui adhèrent d’ailleurs au NSDAP dès les années 1920, comme Emil Kirdorf l’un des plus gros industriels de la Ruhr, en 1927. Le NSDAP, comme les partis de droite, est largement financé par les industriels et dès 1930, Hitler passe comme le plus fiable rempart allemand  au communisme .
D’ailleurs, sous la pression du patronat, Hitler va se débarrasser de la tendance « de gauche » du NSDAP en éliminant physiquement Rhöm, Strasser et l’aile  proche des SA. On retiendra cela sous le nom de  « Nuit des longs couteaux » en juillet 1934. La mise sous tutelle syndicale suivra.

2) La deuxième critique est celle du dirigisme économique de l’Allemagne nazie en matière économique. Selon Von Hayek, la socialisation de l’économie a inéluctablement conduit à un contrôle qui restreint les libertés individuelles.

Il faut d’abord signaler que le le dirigisme de l’Etat allemand a toujours favorisé les grands groupes industriels et bancaires. La politique économique s’est construite contre les ouvriers. Les élites patronales et financières étaient d’ailleurs partie prenante de la planification. Jamais une nationalisation de l’industrie ne fut envisagée par exemple. Le pouvoir d’achat des salariés allemands a d’ailleurs baissé de 1932 à 1938 inversement aux profits des grandes entreprises. La militarisation de la classe ouvrière est mise en place. La main d’oeuvre sera même réquisitionnée dès 1938. Le dirigisme va même aider à la mise en place de politiques réactionnaires typiques comme les mesures d’encouragement des femmes à devenir femmes au foyer (Uli Maurer n’étant dons pas seul ) Dès 1933 , les femmes sont poussées hors de la fonction publique ne pouvant plus être directrices dans l’enseignement, n’ayant plus le droit d’être avocates, ni juges. Une politique autarcique est mise en place. Une politique de relance de la demande par l’Etat (selon Keynes) est certes employée. De grands travaux sont décidés (autoroutes, logements, canaux) mais sont pour la plupart  établis dans un but de réarmement et d’expansion.

Ensuite, faire un lien, comme le fait Von Hayek, entre l’interventionnisme de l’Etat en matière économique et la mise en place d’une société totalitaire est infondé, sans explications probantes et historiquement démonté par l’expérience de l’après guerre.

Fernand, qui s’excuse pour la forme peu aboutie voire bâclée de l’article…

6 commentaires pour “Hitler était-il socialiste ?”

  1. Fleur fragileNo Gravatar dit :

    Étonnement (humour), il y a un autre qui n’est pas d’accord avec vous :

    Commentaire par vpellegrini — 16 mai 2009 @ 13:16
    Cette charge de Goebbels contre «des capitalistes, des propriétaires et des curés» et contre ce qui échappe au contrôle de l’Etat cela ne vous rappelle pas les débuts du socialisme-marxiste?

    Trouvé ici :
    http://religions.blog.lenouvelliste.ch/2009/05/16/goebbels-et-les-nazis-detestaient-leglise-catholique/#comments

  2. SatanlediableNo Gravatar dit :

    Mouais. Ca se laisse lire.

    Hitler était socialiste avant de devenir Nazi.

    Mais ça, vous le saviez déjà. Comparer le NSDAP avec le parti socialiste est donc inutile.

  3. WingsNo Gravatar dit :

    Un élément est néanmoins irréfutable: c’est les similitudes existant entre les mouvements fascistes et communistes (ne concerne donc pas le socialisme – mais une certaine gauche).

    Pierre Milza et Serge Berstein le démontrent très bien dans leur ouvrage: « Les fascismes ».

  4. Jules MâcheferNo Gravatar dit :

    Voici quelques jours que je suis de manière amusée les échanges entre Windisch, Pellegrini et les camarades de la Greu…J’ai parfois l’impression de me trouver dans une cour de récréation où le nouveau jeu serait: si je t’attrape, c’est toi le fasciste.

    Ne pourrais-t-on pas s’attaquer à ce qu’est la politique actuelle plutôt que d’ergoter sur de supposées filiations sataniques? Le fascisme, le communisme, le national-socialisme sont des idéologies aujourd’hui disparues: deux d’entre elles se sont achevées brutalement en 1945, et le troisième est morte  » d’épuisement » dans les années 90, après un long déclin. Comme le souligne Dominique Venner, le 20ème siècle n’aura finalement connu que deux idéologies dominantes: la mythologie gauchiste et la barbarie du libéralisme sauvage. Mais du côté des perdants, à gauche comme à droite, ces idéologies n’étaient pas que de simples considérations économiques, elles étaient souvent, à tort ou à raison, le rêve de toute une vie , un idéal pour lequel beaucoup sacrifièrent leur jeunesse ou même leur existence.

    Du soldat de l’Armée Rouge à celui de la Wehrmacht, le fascisme et le communisme s’incarnaient avant tout dans des êtres humains, dans des familles, des parents ou des grands-parents qui auraient pu être ( et on peut-être même été) les vôtres…alors laissons dormir en paix ceux qui sont morts et enterrés ( du moins pour ceux qui ont eu la chance d’avoir une sépulture). Sans oublier pour autant les leçons de l’histoire, je ne crois pas qu’il soit constructif de désigner ses adversaires par des termes qui ne correspondent plus à aucune réalité.

    Qui croit encore au Grand Soir, à la menace bolchévique quand il croise 3 redskins ivres morts à la gare? Qui, à part un radoteur sénile comme Pierre Perret, va chanter « La Bête est revenue » dans la prochaine fête à la saucisse de l’UDC?

    Il faut cesser ces enfantillages et se concentrer sur les vrais problèmes. Une droite matérialiste, corrompue, pratiquant le népotisme et faisant passer les impératifs économiques avant tout. Une gauche angélique, soutenant tous les criminels possibles et imaginables, bradant notre souveraineté et prônant une immigration massive. En bref, deux camps qui ont surtout en commun le fait d’avoir trahi leurs électeurs et leurs valeurs fondatrices. N’y a-t-il donc pas assez d’arguments pour dénoncer les politiciens d’aujourd’hui? Est-il vraiment nécessaire d’aller chercher les insultes suprêmes parmi les décombres d’évènements durant lesquels la plupart d’entre nous n’étaient même pas né, ? Le capitalisme et le socialisme actuels engendrent suffisament de monstres et d’ordures à eux seuls et n’ont nullement besoin de machine à remonter le temps pour noircir leur bilan respectif.

    Et un ptit copier-coller sur Suissnet ^^

  5. FernandNo Gravatar dit :

    Passons sur le débat sur l’utilité de l’histoire ou sur la résurgence du (des) totalitarisme.

    J’aimerai bien comprendre ce qu’est votre troisième voix entre socialisme et libéralisme. Par exemple d’un point de vue économique, comment serait géré la société selon votre approche ? Merci.

  6. Jules MâcheferNo Gravatar dit :

    Voici quelques jours que je suis de manière amusée les échanges entre Windisch, Pellegrini et les camarades de la Greu…J’ai parfois l’impression de me trouver dans une cour de récréation où le nouveau jeu serait: si je t’attrape, c’est toi le fasciste.

    Ne pourrais-t-on pas s’attaquer à ce qu’est la politique actuelle plutôt que d’ergoter sur de supposées filiations sataniques? Le fascisme, le communisme, le national-socialisme sont des idéologies aujourd’hui disparues: deux d’entre elles se sont achevées brutalement en 1945, et le troisième est morte  » d’épuisement » dans les années 90, après un long déclin. Comme le souligne Dominique Venner, le 20ème siècle n’aura finalement connu que deux idéologies dominantes: la mythologie gauchiste et la barbarie du libéralisme sauvage. Mais du côté des perdants, à gauche comme à droite, ces idéologies n’étaient pas que de simples considérations économiques, elles étaient souvent, à tort ou à raison, le rêve de toute une vie , un idéal pour lequel beaucoup sacrifièrent leur jeunesse ou même leur existence.

    Du soldat de l’Armée Rouge à celui de la Wehrmacht, le fascisme et le communisme s’incarnaient avant tout dans des êtres humains, dans des familles, des parents ou des grands-parents qui auraient pu être ( et on peut-être même été) les vôtres…alors laissons dormir en paix ceux qui sont morts et enterrés ( du moins pour ceux qui ont eu la chance d’avoir une sépulture). Sans oublier pour autant les leçons de l’histoire, je ne crois pas qu’il soit constructif de désigner ses adversaires par des termes qui ne correspondent plus à aucune réalité.

    Qui croit encore au Grand Soir, à la menace bolchévique quand il croise 3 redskins ivres morts à la gare? Qui, à part un radoteur sénile comme Pierre Perret, va chanter « La Bête est revenue » dans la prochaine fête à la saucisse de l’UDC?

    Il faut cesser ces enfantillages et se concentrer sur les vrais problèmes. Une droite matérialiste, corrompue, pratiquant le népotisme et faisant passer les impératifs économiqus avant tout. Une gauche angélique, soutenant tous les criminels possibles et imaginables, bradant notre souveraineté et prônant une immigration massive. En bref, deux camps qui ont surtout en commun le fait d’avoir trahi leurs électeurs et leurs valeurs fondatrices. N’y a-t-il donc pas suffisament d’arguments pour dénoncer les politiciens d’aujourd’hui? Est-il vraiment nécessaire d’aller chercher les insultes suprêmes parmi les décombres d’évènements durant lesquels la plupart d’entre nous n’étaient même pas né, ? Le capitalisme et le socialisme actuels engendrent suffisament de monstres et d’ordures à eux seuls et n’ont nullement besoin de machine à remonter le temps pour noircir leur bilan respectif.

    Et un ptit copier-coller sur Suissnet ^^