La balle au pied du comte d’Orgel
On aime bien, ici, l’ami Winston Churchill. Il incarne une espèce d’humaniste renaissant projeté en pleine tourmente guerrière, il buvait, il fumait, il pétait sans doute. Il avait du coffre, de la tenue, un joli chapeau mou, une ampleur qu’ont dû lui reprocher les horse guards chargés de porter son cercueil lors du convoi funèbre, et un certain sens de la formule.
No sport. Voilà ce qu’il répondait à qui lui demandait le secret de sa bonne humeur angevine (Winston Churchill buvait beaucoup d’anjou, aussi). Fernand nous disait l’autre jour qu’il avait voulu faire mentir Winston en descendant des pentes sur des bouts de bois. J’affirme aujourd’hui, à la lecture du Temps, qu’il ne faut plus jamais essayer de faire mentir Winston.
Jusqu’à quand va-t’on tolérer de tels débordements ignominieux? Existe-t’il oui ou non une fédération internationale qui réglemente les règles de ce jeu stupide? Un professeur d’histoire que j’ai beaucoup aimé avait l’habitude de contrer les quelques révisionnistes qui sévissaient à l’université par des arguments de cette tenue : niez-vous le fait qu’un seul homme soit mort de la main d’un autre homme durant le dernier conflit mondial, dans des circonstances de détention abusive ? Personne ne pouvait nier cela, même pas Faurisson. Eh bien rien ne justifie, Monsieur, la mort d’un seul homme, et toutes vos théories s’effondrent devant la souffrance d’un seul individu, d’une seule famille. Ah c’était beau, tiens, j’en pleurerais encore.
Un seul supporter poignardé doit suffire au bannissement du club. Dans des cas aussi épouvantables de violence ordinaire, le vieil adage testis unus, testis nullus ne vaut pas tripette. Les amendes ridicules infligées aux clubs contrevenants sont une insulte à la dignité humaine. On a peur des débordements? Les supporters vont tout casser? Qu’on envoie la troupe, elle servira au moins à quelque chose. Les adeptes de ces idéologies putrides doivent être envoyés de force en Afrique et occupés à des actions humanitaires; il n’y a aucun préjugé qui résiste au voyage. Des néo-nazis russes, non mais laissez-moi rire!
Mais non, une amende, rien de plus. Les descriptions données par les victimes sont trop floues pour retrouver les voyous, ben voyons. Quand on voit la police moscovite réveiller à coup de matraque un poivrot qui dort dans le métro, on ne s’étonne plus de rien.
Quand on sait que, d’un point de vue purement biologique, le métissage est toujours une réussite, on se demande comment le cerveau humain gère l’information pour être capable de transformer en rage haineuse un bienfait de la nature.
No sport. No stade. No plus jamais cette espèce de football où s’épanouit la face obscure des vilains.
Orgel, footophobe