Igor et Grichka Putallaz, le retour

Tiens voilà la pluie…

Finie, donc, déjà, la tendre moiteur des belles soirées enivrées à contempler, ému,  le firmament étoilé, le cul posé, serein, dans les blés mûrs et la main caressant négligemment le velouté délicat de la cuisse accueillante d’une lubrique amie compatissante: « Tu vois, là c’est Cassiopée, là c’est la Grande Ourse et là, là, c’est probablement ta lune… Ou alors mon doigt, suis-je idiot! »

Voici venu hélas le triste temps des frigides lueurs extrêmes, des ondées glaciales, des vents funestes et froids. Voici que dans la brume sinistre on entend déjà au loin le son sourd des sabots lugubres des cavaliers d’octobre. Voici qu’un sépulcral et perfide crépuscule  amène sur la pauvre plaine la peur majuscule, le noir, le putrescible et l’impossible recul. Et voici revenu, en ce soir délicat, le temps maudit de la peste et du choléra. Et voici revenu pour toi pauvre forçat, l’heure sournoise et impie des deux frères Putallaz.

Et s’il y en a un des deux pour lequel l’été fut favorable et régénérant, c’est bien pour notre petit François-Xavier préféré (pas celui qui prend l’hélico, celui qui devrait): depuis la rentrée, fi des retenues d’usage que l’on attend d’un enseignant, fi du détachement universitaire, de l’objectivité indispensable au scientifique face à son sujet. Depuis la rentrée, le professeur Putallaz ne prend même plus la peine de faire semblant d’enseigner: il prêche, il évangélise, il prône et il sermonne. Il ne transmet plus le savoir, il est Le savoir. Il ne cherche plus la Vérité: il L’a trouvée. Elle l’habite. Elle est lui. Elle le transcende et lui confie le pouvoir divin et céleste d’omniscience, lui permettant de conduire le peuple ignorant vers la Lumière suprême, Celle qui irradie sur les fonds de vallée crétins et goitreux la sainte néo-philosophie occidentale contemporaine depuis son nombril sacré et parfaitement exempt de pilosité disgracieuse. Mens sana in corpore decalvavit.

Le voilà enfin ce glabre et présomptueux messie que l’éducation cantonale moribonde attendait et espérait. Le voici ce sophiste exalté, tordant à l’envie et à longueur d’éditos la réalité qu’il juge surannée pour la faire entrer par la force dans l’étroit carcan de son archaïque morale. Le voilà, l’illusionniste de la pensée usuelle, en ce mardi 20 août 2013, réclamant au plus vite une « éthique universelle, fondée en raison sur la nature humaine » même si cette éthique universelle ne « plaira pas à tout le monde » (sic, d’abord. Puis gaussements d’épaules). Et le voilà encore, ce faussaire assouvi, torturant Dürrenmatt, le suppliciant, le martyrisant en ce pitoyable lundi pluvieux de jeûne fédéral.

Ainsi donc, « Tout ce qui a été une fois pensé, ne peut pas être retiré » est « une idée fausse et dangereuse » au prétexte qu‘ « on justifie a priori ce qui est techniquement possible »? Pffff… Je suis sans mots, sans voix, sans réponse face  à tant d’intelligence et de subtile analyse. Alors, si je comprends bien, ne pas pouvoir retirer c’est justifier. Alors, si, attentif, je suis le fin, subtil et cependant sinueux parcours de la pensée putallienne, pour prendre un exemple, par exemple, au hasard, est-ce que, si on ne peut retirer une tumeur cancéreuse, cela revient à la justifier? C’est une question, hein. Moi j’sais pas. « Excusez-moi, dit le docteur Bernard au réveil de Georges-Antoine, je n’ai pas réussi à vous retirer cette merde qui va vous bouffer le poumon gauche. Et puisque qu’il en est ainsi, je pense intrinsèquement qu’elle a toutes les raisons d’y être, que Dieu tout puissant l’a voulu et que vous l’avez sans doute bien cherché aussi, pauvre trou du cul de merde de cancéreux de mes deux! »

Moi, j’aurais plutôt tendance à penser comme ce bon vieux Freddy. J’aurais même tendance à y voir un côté salutaire à sa petite phrase. Vous savez comme si on devait toujours prendre en compte et, à jamais, se souvenir de tout ce que les humains ont pu, un jour ou l’autre, imaginer, bon ou mauvais. Un peu comme ce truc vieillot et corrompu qu’est le devoir de mémoire. Un peu comme cette idée qui voudrait que même en condamnant le nazisme on ne puisse jamais nier qu’il a bel et bien existé et que des hommes, une fois, l’ont imaginé, pensé et théorisé. Mais aussi qu’on ne puisse effacer que pour justifier leurs exactions et leurs atrocités, ces hommes-là invoquaient  la raison, la nature et le bon-sens…

Cela ne peut être retiré…

 

Alcazard qui trouve que ça sent un peu la merde

 

 

Un commentaire pour “Igor et Grichka Putallaz, le retour”

  1. Commissaire Robert PenthotalNo Gravatar dit :

    « ne pas pouvoir retirer c’est justifier » ces mots résonnent dans ma paternité…

    (Et c’est bien la seule fois que FX résonne en moi… sauf, bien entendu, si l’on compte son soutient indéniable aux mouvements péristaltiques)