Journal de quel bord?
C’est bien connu, si tout va mal dans ce beau pays, c’est la faute à la gauche qui a tous les pouvoirs. Le pouvoir politique: le PS est le second parti qui représente le plus le peuple, …derrière l’UDC; le pouvoir judiciaire: les juges ont souvent l’inconscience d’appliquer les principes des Droits de l’Homme; et surtout la presse, les journalistes sont tous des gauchistes. On peut dire que cette dernière antienne, on l’entend régulièrement.
Enfin, c’est en tout cas ce que répètent certains sites de droite. Vous savez, cette droite que Barraud qualifiait de « hargneuse et agressive, pleine de suffisance, réactionnaire dans le plus mauvais sens du terme, en d’autres termes une droite antipathique »; cette droite qui a mis en place « une entreprise de presse qui ne fonctionne pas selon des critères journalistiques élémentaires, notamment dans le respect des opinions divergentes, et cela jusque dans le traitement des commentaires des lecteurs »; enfin, cette droite qui « ne respecte pas les contrats, et ne paie pas ceux qu’elle a engagés » (précisons que ce dernier point est démenti dans un commentaire sous l’article en lien).
Bref, on est d’accord, les journalistes sont tous des gauchistes. En même temps, il y a un truc assez étrange qui me questionne. Si l’on regarde qui dirigent le groupe de presse Tamedia –dont il est plus rapide de citer les journaux qu’il n’a pas que ceux qu’il possède– on voit par exemple que le président du Conseil d’administration et le président du comité de direction ont les deux passé par l’Université de St-Gall. Vous savez, cette université qui forme l’élite néolibérale depuis des décennies et qui ignore les théories économiques parallèles: le keynésianisme, l’Ecole de la régulation, et ne parlons même pas du marxisme.
Bref, ces types qui ont étudié à fond la doxa néolibérale ne font engager que des journalistes de gauche. C’est franchement étonnant, non? En tout cas, si un prof d’université qui en connaît tellement sur cette question pouvait éclairer ma lanterne sur cette contradiction, ça serait pas de refus.
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