A propos d’une votation

Lorsque près de 80% de Suisses votent pour un énième durcissement de la politique d’asile, on peut penser que les arguments des opposants ont peu porté. Et c’est peut-être le moment de proposer un autre angle d’attaque pour la prochaine fois, vu qu’apparemment les positions humanistes ne parlent plus.
Bon, c’est mon avis et je le partage, hein, mais il me semble qu’il y a un aspect qui a été totalement ignoré par les opposants durant cette campagne. Ignoré car, trop souvent, ils limitent l’origine du durcissement perpétuel de l’asile à une volonté de capter des voix électorales par les Partis de droite. Cet aspect est qu’un des buts de la politique d’asile est de fabriquer des clandestins (moins de réfugiés = plus de clandestins), car ces derniers sont utiles à d’importants secteurs de l’économie. Parmi eux, le secteur domestique, le tourisme, l’agriculture, le bâtiment,…
Dans les années 70, la Suisse utilisait des permis de travail –liés aux permis de séjour– qu’elle donnait à des saisonniers afin de contrôler le volume des employés dans ces secteurs. Suivant la conjoncture, ils étaient soit distribués en masse aux Italiens et Espagnols notamment; soit supprimés afin d’éviter de leurs payer le chômage, par exemple. Dans les années 80, des Italiens et Espagnols finirent malgré cela par prendre racine et s’intégrèrent tout logiquement. Cela entraîna deux conséquences: 1. la xénophobie se dirigea vers d’autres têtes de turc (ex-yougoslaves, turcs, africains,…); et le statut de saisonnier finit par être supprimé. Ce dernier fut remplacé en partie par le clandestin qui se trouve dans une situation qui permet aux secteurs économiques susmentionnés de mal le payer, puisqu’il est en insécurité en termes de droit civique, social et salarial. Clandestins qui en plus ne coûtent rien à la société, vu qu’ils ne peuvent bénéficier du chômage ou autres prestations sociales. Et c’est la Loi sur l’asile, entré en vigueur en 1981, avec ces durcissements continuels dès 1983, qui engendre cette main-d’œuvre très pratique.
Dès lors, il me semblerait judicieux de mettre en avant plus souvent ces éléments et de préciser que cette politique a des conséquences aussi sur les Suisses. En effet, elle découle d’une volonté de la part des entrepreneurs et de leurs représentants de faire pression sur les salaires en mettant en concurrence les Suisses, les Européens grâce à ladite libre-circulation, les extra-européens légalisés et les clandestins. Il faudrait peut-être dire aux Suisses qu’en se prononçant en majorité contre ce référendum ou les prochains, ils votent aussi contre leurs propres intérêts.

Croquignol, de plus en plus drôle

3 commentaires pour “A propos d’une votation”

  1. Dr. GouluNo Gravatar dit :

    Au début je me suis dit « ça y’est, enfin un qui a compris… » et puis non, vous retombez dans le travers qui nous empêche de sortir de l’ornière…

    La loi sur l’asile n’est pas une loi sur l’immigration. Le statut de saisonnier était une loi permettant de venir travailler puis de s’établir en Suisse. Depuis qu’elle a disparu, il n’y a plus de cadre légal pour ceux qui viennent simplement chercher un emploi en Suisse.

    La loi sur l’asile ne fabrique pas des clandestins, elle leur permet au mieux de (sur)vivre quelques temps sans même travailler, et en engorgeant l’administration qui doit éventuellement détecter des « personnes qui, dans leur État d’origine ou de leur dernière résidence, sont exposées à de sérieux préjudices ou craignent à juste titre de l’être en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un groupe social déterminé ou de leurs opinions politiques. »

    La loi sur l’asile continuera à être « durcie » et les clandestins à proliférer tant qu’on ne créera pas une loi sur l’immigration permettant à des personnes remplissant certains critères de venir en Suisse simplement pour travailler, comme dans les autres terres d’immigration.

  2. CroquignolNo Gravatar dit :

    Cher Dr. Goulu

    Votre commentaire est symptomatique de la confusion qui règne chez pas mal de gens sur ce sujet (un sujet complexe, il est vrai).

    1. Il existe deux lois en Suisse qui traitent de l’immigration et qui sont étroitement liées. La Loi sur les Etranger et la Loi sur l’Asile.
    La Loi sur les Etrangers constitue un cadre légal pour les étrangers qui travaillent ou qui veulent travailler en s’installant en Suisse. Elle pratique la politique des trois cercles. Le premier cercle concerne les Européens qui peuvent librement venir en Suisse travailler selon les accords de libre-circulation; le second, les extra-européens qui ont des qualifications qui peuvent être utile à l’économie; le troisième, les autres extra-européens qui n’ont pas le droit de travailler en Suisse.
    La Loi sur l’Asile s’occupe des immigrés qui sont persécutés dans leur pays selon de multiples critères établis par l’Office des migration.

    2. Beaucoup de gens confondent réfugiés, requérants d’asile, et clandestins. Ceux qui « engorgent » l’administration, comme vous dîtes, ce sont les requérants d’asile. Leur demande peut être acceptée: dans ce cas ils deviennent des réfugiés; ou refusée: dans ce cas, soit ils deviennent des requérants déboutés et sont renvoyés dans leur pays; soit, le plus souvent, ils disparaissent dans la nature et deviennent des clandestins, accroissant ainsi leur nombre.
    C’est en ne comprenant pas cela que vous vous trompez sur le sujet des clandestins. Déjà, un clandestin est par définition quelqu’un qui se cache. Et donc qui n’engorge pas l’administration.
    Enfin, vous pouvez créer toutes les lois sur l’immigration que vous voulez, ou durcir les conditions d’asile continuellement, cela ne changera rien, puisque les clandestins sont aussi par définition des « hors-la-loi ».

    3. C’est pour cela que je maintiens que la loi sur l’asile fabrique des clandestins. J’ajouterais qu’aujourd’hui, un camerounais, par exemple, ne va même pas essayer de demander l’asile en Suisse, car il sait qu’il n’a aucune chance de l’obtenir. Du coup, il n’augmente pas le nombre de réfugiés, mais celui des clandestins. Et même s’il pouvait obtenir l’asile –s’il était persécuté à cause de son homosexualité, par exemple–, il ne prendrait probablement pas le risque de le demander. Car les autorités connaîtraient ainsi son visage et son identité, ce qui augmenterait le risque d’être découvert.

  3. TaberleNo Gravatar dit :

    je suis nul en maths, pourriez-vous m’aider :
    Comment passer en 20 ans de 6 à 8 millions d’habitants avec un taux de reproduction de 0.5 par Suisse et un taux de suicide de 5% ?