La farmacie, Beaudelaire et Valère Novarina (je vous fais un paquet cadeau?)

 

Ce matin, à la radio, à l’occasion de la journée d’études sur l’orthographe organisée hier 1er septembre à la HEP de Lausanne, on a eu droit à l’avis éclairé de Marinette Matthey, professeure de sociolinguistique à l’université de Grenoble (qui est une cuvette polluée)(jolie mais polluée, la cuvette).

Je n’ai pas envie d’écouter à nouveau son babil pour citer exactement ses propos, que Dieu me tripote et me pardonne, mais en gros on a pu entendre ceci :

Journaliste – « Donc, ce n’est pas demain qu’on écrira pharmacie avec un -f ? »

Marinette – « Hélas, non. » Et plus loin : il est inutile de bassiner les élèves avec la grammaire et l’orthographe, il faut leur apprendre à utiliser les correcteurs.

Attention, le correcteur, ici, ce n’est pas ce type bizarre en manchettes de lustrine qui relit les papiers à la lueur du Grevisse en mâchouillant son crayon de bois, hein, faut pas déconner non plus, y manquerait plus qu’on paye encore des types pour faire ce genre de boulot grotesque. Non, non. Le correcteur, pour Marinette, c’est ce logiciel rigolo qui doit t’apprendre à écrire correc’, et même des fois quand j’ai pas le moral, je m’amuse à en écrire des grosses pour lire les propositions de la machine. C’est presque aussi marrant que les traductions Google.

D’ailleurs, Marinette elle dit que c’est super bien les correcteurs d’orthographe parce que ça fait vivre un tas de gens : économiquement, c’est un créneau hyper porteur.

En outre, si on devait noter les futurs instituteurs sur leur niveau orthographique, y en a pas un qui aurait son papelard ! Elle a dit ça, à la radio, la dame ! (à sa décharge je dois reconnaître que nous passons notre temps, ma femme et moi, à corriger les fautes commises par les instituteurs de nos enfants. Mais nous sommes de vieux cons, je le concède. Pardon ma femme, je parle pour toi, aussi)

Plutôt que de pleurer sur la complexité de l’orthographe, peut-être serait-il judicieux d’apprendre aux enfants l’étymologie, ou au moins leur laisser entrevoir ne serait-ce qu’un bout de poil de fesse d’une discipline qui aurait pour but d’étudier comme qui dirait l’origine des mots ? (arrêtez-moi si je suis un vieux con) Hein ? Pharmacie ça s’écrit comme ça parce que ça vient d’un mot grec qui veut dire pommade (je viens de regarder dans Wikipédia) qu’on écrivait avec un -phi, jadis, quand on buvait de l’huile d’olive. Eh, Marinette, tu sais quoi ? Y a des enfants que ça passionne ce genre de vieilles histoires ! (oui, je sais, les enfants des vieux cons)

Mais mais mais mais (Dutronc copyright) Marinette, rassure-toi : l’image que j’ai placée en tête d’article abonde dans ton sens et comble tes désirs les plus fous : elle symbolise à merveille  l’union obscène du marchand et du crétin. Tu remarqueras que pour des vendeurs de bouquins, la faute d’orthographe au patronyme d’un des plus grands pouëts, ça te me vous a une sacrée bonne gueule. Le correcteur (la machine, pas le mongol en manchettes de lustrine) y sait même pas comment ça s’écrit les noms des poètes : y s’en fout comme de l’an 40 ! (qui pourtant est une année intéressante, quel que soit le siècle dont on parle. Faudra qu’on m’explique un jour le sens de cette locution obscure)(mais je suis un vieux con).

Enfin, et ça n’a rien à voir, quoique, hein, quand même, Valère Novarina est en Valais au Petithéâtre de Sion demain vendredi, samedi et dimanche. Il faut y aller, même si vous n’en avez rien à secouer de Valère Novarina (il a pourtant un prénom à déplacer les collines ûh ûh); il faut encourager de votre présence cette programmation d’exception. C’est un peu comme si Gustave Roud venait déclamer à la Grenette.

Sauf que Gustave Roud, il est mort.

Becs

Orgel, vieux con

 

 

 

7 commentaires pour “La farmacie, Beaudelaire et Valère Novarina (je vous fais un paquet cadeau?)”

  1. AlcazardNo Gravatar dit :

    Puisque tu y étais pour « Pharmacie », t’aurais pu pousser jusque là:

    http://fr.wiktionary.org/wiki/s%E2%80%99en_foutre_comme_de_l%E2%80%99an_quarante

  2. FernandNo Gravatar dit :

    Moi aussi, tout enfant, j’ai aimé passionnément l’étymologie et j’ai mal fini !

  3. SimoneNo Gravatar dit :

    Mongolien mon cher Comte, merci pour les mongols !

    Un autre vieux con.

  4. Micael AbéNo Gravatar dit :

    Merci Orgel, vieux con, pour ce billet !
    Ayant entendu la même émission, je confirme que ses mots sont bien ceux-là : ce n’était donc pas une hallucination auditive, bien qu’hallucinant…

    Il y a une dernière représentation du «Monologue d’Adramélech» de Valère Novarina ce soir – lundi – à 19h, et il reste de la place pour tous ceux qui veulent entendre des fautes d’orthographe.

    J’en profite pour épingler une petite annonce : Valère Novarina cherche un Tintin en patois d’Évolène (je crois me souvenir qu’une telle démarche avait été entreprise il y a quelques années)… Quelqu’un sait quelque chose ?

  5. sardinaluileNo Gravatar dit :

    Et ben ça fait une belle brochette de vieux cons. Permettez que je me joigne à vous, en vieille conne invétérée. Et en tant que telle, je vous conseille effectivement de courir à la dernière du « Monologue d’Adramélech ». Ça nous change des vaudevilles en patois de Nendaz.

  6. FernandNo Gravatar dit :

    Je savais qu’il y avait une version en patois vaudois de « L’affaire Tournesol » intitulée « L’afére Pecârd » mais en patois d’Evolène, ça ne me dit malheureusement rien…

  7. Micael AbéNo Gravatar dit :

    Merci pour l’info ! J’ai dû fantasmer sur un «Tintin au Tibet» où le yak s’appellerait Souris…