Drapeau Noir

Parmi les succès que l’on connaît du parti national-socialiste dans l’Allemagne des années trente, il y a bien entendu leurs superbes coupes de cheveux très soignées et la haine de l’autre enfin autorisée et, puisque le terme est à la mode, décomplexée. Libre dès lors à chacun de laisser libre cours à ses penchants naturels sans aucune retenue. On pouvait enfin sans crainte casser au hasard du juif, du tzigane, du pédé ou du coco. Les choses allaient bien droit à cette belle époque et tant qu’on était normal, aryen, on pouvait se permettre à-peu-près n’importe quoi sur à-peu-près n’importe qui appartenant aux « races » dites inférieures et dégénérées.

Mais ce n’est pas la haine de l’autre qui fit que ce pouvoir resta si longtemps en place. La haine s’efface, face à la raison ou à l’humour. Elle cède, elle lève le camp. Non ce qui fit tenir les régimes fasciste, franquiste et nazi c’est la peur.

Entendons-nous bien, ce n’est pas uniquement la peur légitime des hordes bottées de cuir et casquées de fer. Non, c’est cette peur intrinsèque à toute société : la peur du qu’en dira-t-on qui force l’employé et l’ouvrier lambda à rester au sein du troupeau.

Il faut savoir qu’aux plus belles heures du IIIème Reich, pour une ville de 120’000 habitants, seuls 10 à 15 fonctionnaires de la Gestapo suffisaient pour maintenir ce climat de peur. Leur rôle consistait presque essentiellement à répondre aux attentes des auteurs, toujours anonymes et soucieux des convenances, du flot de lettres qui leur parvenait. Cette peur de la dénonciation a contraint des millions de gens, pas forcément mauvais, certainement pas nazis, à courber l’échine et à rentrer dans le rang, pour protéger leur famille, leur emploi, leur situation.

Au regard de l’histoire, ces gens qui se turent, furent-ils victimes ou acteurs, ce n’est certainement pas à moi d’en décider.  Je ne suis ni juge, ni professeur de philo et encore moins journaliste.

Bien évidemment, rien à voir avec ce qui se passe ici, le PDC, parti plénipotentiaire, veille paternellement sur tous les citoyens. Il n’a à ce jour aucun projet de déportation et d’extermination sur les militants socialistes valaisans. Bien que les demandeurs d’asile soient parqués et surveillés par l’armée, on ne peut pas vraiment parler de camps de concentration. Notre police cantonale n’a à se mettre sous la dent que quelques rassemblements de supporters alcoolisés pour toute émeute.  Nous vivons donc dans un pays calme, paisible où rien ne vient troubler le luxe merveilleux de pouvoir penser librement. Les gauchistes de droit divin qui s’en viendront me dire le contraire n’ont qu’à aller voir en ça à Beijing  si c’est mieux.

D’où vient alors cette crainte à faire valoir clairement nos idées ? Qu’est-ce qui peut bien faire qu’encore aujourd’hui, près de 20 ans après la chute du bloc de l’Est, on puisse encore se retrouver penaud, un rien coupable, devant les quolibets d’une droite  omniprésente et revancharde ? Qu’est-ce qui dans nos idéaux de gauche est ringard et dépassé au point d’en rougir ? Préférer la solidarité, basée sur l’empathie et la conscience de notre précarité, à la charité basée sur la pitié et l’autosatisfaction ? Exiger plus de justice dans la répartition des richesses produites par le travail des hommes ? Estimer qu’il est important qu’un homme ne soit ni coupable de sa couleur, de sa religion ou de son origine ? Clamer que les hommes n’ont besoin d’aucun dieu pour organiser leur vie terrestre ? Qu’est-ce qui peut bien faire que dans ce pays libre on n’ose pas prendre ouvertement un autre avis que celui du parti dominant ? Qu’on n’ose pas s’afficher clairement de gauche sans craindre pour sa famille, son entourage, notre et leur situation professionnelle ?

Ce qui est sûr, c’est qu’alors qu’ils contrôlent tous les rouages de l’état et de son administration, affirmer que l’on est de gauche reste considéré comme une atteinte à leur intégrité, à leurs valeurs. Osez prétendre qu’on ne croit pas en Dieu reste perçu comme une atteinte à leur foi et à leurs traditions, et que le proclamer en place publique est souvent sujet à représailles.

Nos idées, si elles sont souvent taxées d’angélisme et d’irréalistes, sont belles, elles placent l’humain, tous les humains, au centre. Elles ne sont ni haineuses, ni homophobes, ni racistes, ni belliqueuses.

N’ayons plus peur, portons nos idées comme des étendards, comme un drapeau rouge… ou noir.

Sortez de ma chambre!

Alcazard

Un commentaire pour “Drapeau Noir”

  1. SIMONENo Gravatar dit :

    Fais-toi plaisir!
    Fais-moi plaisir!
    Remets ce drapeau à la place qu’il mérite et merde à tous ces bien-pensants.
    SIMONE