Bien propre derrière les oreilles*
S’il y a une chose dont on peut bien être certain aujourd’hui, c’est que les frères Putallaz ne carburent définitivement pas à la même dope. F.-X., la semaine dernière, nous avait régalé de considérations oiseuses sur les courbes fines et gracieuses de Kate Middleton, allant jusqu’à trouver dans le galbe de son cul (pardon, de son épaule) la preuve irréfutable de Dieu. Les esprits avertis et les gens de goût avaient alors tous bien reconnu les effets conjugués de l’alcool et de la marijuana dans ce scribouillage abscons et désordonné. Le professeur s’était sans doute ouvert une bonne bouteille de rouge pour regarder le mariage princier et, les deux étant finis, il s’était probablement attablé à son bureau, ému et frétillant, pour y écrire ce qui restera comme son meilleur billet d’invité (en tout cas le plus drôle), un énorme tarpé allumé glissé au coin des lèvres. Las, aujourd’hui, son frère rectifie le tir avec un article qui sent plus l’eau minérale sans gaz et la schlague que le patchouli et la bière tiède. Il y fustige une fois encore la décrépitude morale de l’enseignement moderne que de crypto-post-soixante-huitards infligent à nos chères têtes blondes en faisant passer des réformes respecticides depuis un bunker secret. Et dire qu’on ose venir me dire que je me répète…
Mais que Jean-Romain Putallaz se rassure, la contre-réforme est en marche. Elle va bientôt déferler sur le monde et elle a un guide : Jean-Pierre Meyer.
Jean-Pierre Meyer est le directeur des écoles publiques de Sion et, à ce titre, il fourmille d’idées rigolotes pour faire comprendre aux enfants les valeurs de notre nation et le respect que nous devons à nos institutions. C’est lui qui fut à l’origine, en décembre dernier, de l’enrôlement des écoliers un mercredi après-midi pour venir agiter des petit drapeaux suisses et sédunois (?) sur le parcours de Jean-René Germanier lors de la réception en l’honneur de son accession au poste de premier citoyen du pays. On ne peut que féliciter une initiative dont la portée pédagogique fut incomparable.
Aujourd’hui, Jean-Pierre Meyer a décidé que c’est le Breitling Sion Air Show de septembre que les élèves sédunois devaient encourager. Ainsi dans une région où les avis sont plus que partagés à propos de l’aérodrome militaire et ses divers exercices de nuit, Monsieur Meyer a décidé qu’une matinée d’école serait entièrement consacrée à la visite de la base militaire aérienne avec démonstration de chiens (?), rencontre avec des parachutistes et plein d’autres trucs que les enfants ils aiment bien. Peut-être même, s’ils sont sages, ils pourront rentrer en camions militaires…
Voilà donc une bonne matinée de prosélytisme offerte à la grande muette afin de faire entendre sa voix auprès des enfants qui ne mesurent pas toujours la place évidente que tient l’armée suisse dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. Une matinée où d’aimables gradés auront tout loisir d’expliquer, nos enfants sur leurs genoux, pourquoi leur métier existe et comment ils font, alors qu’ils ont le monde et la Suisse à sauver, pour quand même trouver du temps pour montrer leurs jouets. Expliquer aussi que c’est en grillant 300 litres de kérosène en parcourant cent kilomètres qu’on est adulte, responsable, avec un joli menton carré. Non, on risque bien d’apprendre des choses au retour de nos enfants dans leur foyers. Et l’école, ce repère d’anarchistes bolcheviques, n’a pas suffisamment l’occasion (comme le disait si justement Jean-Romain) d’expliquer aux élèves (par ailleurs complètement livrés à eux mêmes) le goût de la discipline et la valeur de l’ordre moral.
J’entends déjà s’élever dans le lointain la voix de quelques rombières bobos criant à la récupération et à l’instrumentalisation des enfants par le pouvoir public (un journaliste sera présent) afin de promouvoir une manifestation portant le nom d’une marque de montre et une institution onéreuse et obsolète. Ces pisse-froid de gauscistes ne savent plus rêver et aucun d’eux ne sait encore s’extasier devant la joie simple d’un enfant de sept ans dont les yeux s’illuminent en découvrant un Hunter entièrement armé pour l’exercice. Qui, parmi cette fange apatride, se souvient de la joie qu’il a eu en découvrant la page des avions du Petit Larousse, hein? Qui de ces égorgeurs d’enfants se rappelle qu’avant de s’empiffrer de caviar à la louche, ils avaient couru, avides, derrière des camions puants, quémandant aux troufions boutonneux l’excédent de leurs biscuits afin d’en faire un festin? Lequel de ses admirateurs de Staline, briseurs de rêves enfantins, se souvient de la joie simple qu’on éprouve la première fois qu’on réussit à plier un couteau suisse sans se couper?
Et puis ne venez pas me dire que la guerre c’est pas joli et que ça tue des gens : on est en Suisse tout de même.
Alcazard, pieds plats
*et c’est vraiment de la merde ce qu’écrit Jean-Romain.
mai 13th, 2011 à 10 h 10 min
Ah, les biscuits, les biscuits expliquent tout et justifient tout, non? Voilà certainement le point faible de Jean-Pierre Meyer. La nostalgie des biscuits militaires…
mai 13th, 2011 à 13 h 01 min
… voilà peut-être ce qu’il faudrait à nos bambines pour faire encore une fois la Une du NF : http://www.bluewin.ch/fr/index.php/1368,147343/fr/news/videos/?asset_id=82126