François-Xavier, pardonne-nous nos offenses
C’est pas facile un billet d’humeur de Putallaz. Heu, Putallaz, je parle de celui qui a la courage d’écrire sous son vrai nom, pas celui qui écrit sous pseudonyme. Voilà deux jours que je réfléchis à son dernier billet. Deux jours, bientôt trois que je tourne et retourne son édito pour être bien sûr d’avoir bien assimilé et compris la pensée putallienne dans toutes ses finesses et subtilités. On ne déflore pas un tel texte à la sauvage et sans tendresse comme on le ferait d’un enfant de chœur dans une sacristie de fond de vallée. Non, cela prend du temps, il faut bien comprendre tous les mots, les mettre ensemble et former avec de jolies petites phrases porteuses d’idées et de sens. Cela m’est d’autant plus dur que je ne suis ni universitaire, ni philosophe et que je reste fréquemment poli avec les contrôleurs de train (surtout que j’ai pas les moyens d’avoir mieux qu’un demi-tarif).
Bref, je lis et relis « Le défi de la démocratie »…. Ça sonne, hein? C’est clinquant, ça émeut la ronde et accorte mère de famille et fait dresser les poils drus de l’avant bras du rude vacher. Ça c’est du titre. Puissant et noble, on sent déjà, en le découvrant, que ce prélude annonce du lourd, du trapu, du sévère. Fuyez, vous autres amateurs de bluettes et lecteurs effrénés de Barbara Cartland, François-Xavier est de retour, l’œil vif, le neurone brillant et le synapse humide et ça va chier. C’est pas le premier sophisme venu qui va lui faire peur ni même l’arrêter. Putain! le voilà prêt à bouffer du soixante-huitard à la louche, à dégommer du laïc à vue et à atomiser la pensée unique et universelle, nouvelle forme moderne de la censure liberticide.
Et que professe-t-il ce brave homme en ce jour? Qu’est-ce que ce titre alléchant à souhait peut bien nous réserver comme leçon significative qui aura le don d’ouvrir notre âme au monde, à Dieu et à Ses Vérités? Quel est donc cet étrange et mystérieux défi que la démocratie (bon Dieu, mais c’est nous!) doit aujourd’hui relever? Et bien c’est de savoir si oui où non, les droits de l’homme on les a trouvés sous le sabot d’un cheval.
Que nenni, objecte patiemment le professeur, conscient qu’il est de la faible érudition de son lectorat: les droits naturels, inaliénables et absolus de l’être humain faudrait pas croire que c’est le fruit d’un consensus. Que c’est des petits rigolos, des pue-la-sueur du cortex, des enragés du bulbe rachidien qui se sont réunis dans une petite pièce enfumée, munis de moult alcool et eaux-de-vie et qui ont mis en commun toutes leurs réflexions en se disant tiens, bordel, c’est quoi qui peut bien rassembler les êtres humains quelle que soit leur culture, leur ethnie ou leur condition? Et bien non! C’est pas comme ça que ça c’est passé. C’est parce que ces petits rigolos avaient des principes moraux antérieurs qu’ils ont pu échafauder leurs petites théories. Et oui, c’est parce que M’sieur l’curé avait bien expliqué aux petits Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau et Beaumarchais que c’est Dieu qui a tout donné à l’homme et que c’est bien Lui le chef qu’ils ont pu, alors, éclairer l’Europe du XVIIIe siècle de leurs Lumières. C’est parce que l’Europe cul-bénie de l’Ancien Régime était régie par le droit divin qu’a pu naître la démocratie. C’est parce qu’ils sont nés et ont baigné dans une culture où l’on croyait aux vérités divines qu’ils se sont soudain mis à douter.
En un sens, c’est pas tout à fait faux. Si ça n’avait pas été de la merde en barre, jamais ces gens là ne se seraient vraiment demandé si l’homme pouvait déterminer son destin sans l’aide du Grand Frère et de sa clique de brûleurs d’hérétiques, de violeurs d’enfants et d’exploiteurs du Tiers-État. Mais ce n’est pas cela que nous dit F.-X.. Il nous dit qu’il faut apprendre à honorer ces principes vrais et fondateurs, (ceux d’avant, donc) que sans eux c’est la chienlit et que les hommes, empêtrés qu’ils sont dans leurs illusions déterministes, vont vouloir s’occuper de choses qui ne les regardent pas, comme la bioéthique, les religions ou la famille.
Jusque là, même quand c’est tourné de façon un peu rigolote, ça reste très chiant. Mais bougez pas, le Professeur nous explique par l’exemple quels sont les domaines que mettent en péril notre perte des vrais valeurs et des principes moraux prédémocratiques. Et là, ça devient vraiment poilant. D’abord, il en profite pour mettre en doute le droit de chacun de choisir sa mort et son heure, ce qui ne surprend personne. Ce n’est pas nouveau, ça fait longtemps qu’il nous le rabâche et là, ça colle au sujet. Il associe ensuite l’interdiction des minarets en 2009 par votation populaire à une victoire des intégristes de la laïcité. Ça, ça prête déjà un peu à sourire mais ça inquiète néanmoins aussi un peu sur sa consommation d’alcool et sa capacité, en fin de soirée, à distinguer la réalité du fantasme. Enfin, des alcooliques notoires ont historiquement détenu de plus hautes fonctions que les siennes et l’humanité n’en est pas morte.
Mais quand il nous affirme: « on imagine que les normes qui président à la construction du couple sont déterminées par les contractants eux-même, en fonction de leur bon vouloir ou de leurs préférence sexuelles » il devient franchement difficile de réprimer les gloussements sarcastiques qui nous remuent. Ainsi donc, voilà pourquoi Monsieur Putallaz est si farouchement opposé au partenariat chez les pédérastes: ce sont le plus souvent des mariages, ou plutôt des unions par amour!
Non, mais qu’est-ce qu’on s’imagine? Qu’un mariage se conclue par les contractants eux-mêmes? A-t-on vraiment perdu le sens des valeurs vraies et des Vérités premières? Le mariage doit répondre avant tout aux intérêts des familles et doit être, comme il se doit, arrangé par les chefs de celles-ci. Il sera célébré en la très sainte Basilique de Valère, sous la bénédiction du Prince Évêque de Sion qui aura soin de répéter aux futurs époux leurs devoirs envers Dieu et la société des hommes et les exhortera à honorer les seuls principes vrais (et chrétiens) afin de relever tous ensemble le plus urgent des défis de l’actuelle démocratie.
On se réjouit.
Alcazard, concubin par choix
novembre 18th, 2010 à 18 h 37 min
concubin par choix, mon oeil, par obligation
décembre 3rd, 2010 à 16 h 04 min
je vois qu’en dix ans son discours ne change pas d’un poil…