Hiroshima, mon amour…
Quel étrange billet de Chantal Balet dans Le Nouvelliste d’hier. Oui, une apologiste de l’explosion tchernobylesque y parlait d’écologie. Mais on pouvait s’attendre au pire depuis qu’elle a été élue à la présidence de la Fédération romande pour l’énergie.
Pour vous donner une idée de ce qui se cache derrière cette Fédération, rien ne vaut un petit tour sur leur site. Sur la page d’accueil, on a accès à des articles aux titres évocateurs: «Quand de grands écologistes deviennent pronucléaires»; «Pourquoi nous aimons le nucléaire…»; «Pourquoi faut-il 9 m2 de panneaux solaires pour une seule ampoule de 100 watts»; ou «La gestion des déchets radioactifs techniquement résolue».
Du coup, ça va sans doute vous étonner, mais l’une des propositions de Chantal Balet face au problème du réchauffement climatique, c’est? c’est? Le nucléaire. Ben oui, pourquoi se gêner vu que la gestion des déchets est techniquement résolue. C’est vrai, il suffit de les enterrer quelque part en Afrique et d’attendre des milliers d’années que leur irradiation cesse. Y’a pas de quoi s’inquiéter.
Mme Balet nous explique aussi que le passage au nucléaire nous permettra «de diminuer notre dépendance à l’égard des potentats du pétrole», comme la Libye. C’est pas faux. Le seul problème c’est que huit sociétés produisent à elles seules 82% de l’uranium acheté dans le monde, si j’en crois le magazine du Crédit Suisse (voir la dernière question de l’article). En gros, Chantal nous propose d’abandonner la peste des potentats pétroliers pour le choléra d’un oligopole. Ce dernier fixant les prix chaque année selon ses désirs… bonjour l’indépendance.
Bon, de toute façon, ce sont pas les Verts qui vont proposer quelque chose de réaliste; nous dit Chantal en nous sortant les insultes habituelles (fondamentaliste, dogmatique). Mais elle leur fait quand même deux critiques qui méritent une réponse. Et là, je vous préviens, ça rigole plus.
1. Les écologistes voudraient empêcher «les pays pauvres ou en voie de développement […d’]accéder à un confort comparable au nôtre».
A mon avis, les écologistes tentent plutôt de montrer à ces pays que le modèle de vie qui se généralise avec la mondialisation n’est pas la panacée. Que s’il peut générer une hausse de la qualité de vie sur certains points, il peut aussi la détériorer sur d’autres. En témoignent les problèmes de pollution en Chine provoqués par l’industrialisation.
D’autre part, on peut se demander à qui profite cette industrialisation: aux habitants des pays pauvres ou aux entreprises occidentales qui y font des affaires? Dans ce cas, est-ce que cela améliore vraiment leur confort?
Pour revenir au sujet, l’écolo se demande si notre société de consommation peut assurer des conditions de vie supportables (pour ne pas dire confortables) à tous sur la planète? Et sinon, quel autre modèle de vie pourrait l’assurer?
2. C’est là qu’intervient la deuxième critique de Mme Balet: la décroissance proposée par les Verts ne permettrait plus de financer les écoles, hôpitaux, assurances,…
Cette vision de la décroissance n’est pas celle d’un Vert, mais celle d’une libérale. En effet, les libéraux ne prennent en compte qu’une seule variable: le taux de croissance. S’il monte c’est le bonheur, dans le cas contraire, c’est la merde. Du coup, ils s’imaginent que les écolos pensent exactement l’inverse: quand il y a croissance c’est la merde, sinon c’est le bonheur. En fait, comme on l’a vu, la croissance peut engendrer des maux et des biens.
C’est pourquoi, un écolo adopte d’autres variables qui se concentrent sur la qualité de vie: indice de développement humain, empreinte écologique, indice de santé sociale,… Du coup, il préconise la décroissance pour les industries qui l’aggravent, tout en conservant la croissance pour les autres. Par exemple, ils se demandent si l’industrie de l’armement accroît le bien-être des pays en guerre; si les embouteillages provoquent une sensation de bonheur total,… Le but étant de réduire la consommation des ressources naturelles des pays les plus riches pour résoudre les problèmes environnementaux auxquels est confrontée l’humanité.
Croquignol, qui de toute façon s’en fout, vu qu’il a pas d’enfants
janvier 21st, 2010 à 18 h 23 min
Ci-après, le lien d’un excellent article qui pourrait éventuellement éclairer la lanterne de notre apologiste du champignon nucléaire.
http://www.rue89.com/planete89/2010/01/20/angoisse-et-precarite-la-vie-des-decontamineurs-de-centrales-nucleaires-134549
janvier 22nd, 2010 à 11 h 37 min
Oui il ne faut pas rater le visionage du documentaire d Alain de Halleux, « RAS, rien à signaler ». En plus le réa-adjoint du docu aime la bière de cave de la Greu…