Les non-dits de Fernand
– Dans le cahier culturel du Nouvelliste, un hommage à Jean Raspail. Auteur rencontré par Vincent Pellegrini lors d' »une causerie de la Ligue vaudoise » et qui est défini comme « pas de gauche ». C’est le moins qu’on puisse dire. Raspail est, avec Guillaume Faye, l’un des maitres à penser des identitaires et de tout ce qui est à la droite du FN en France. Son ouvrage « de référence » , le « Camp des Saints » que Pellegrini qualifie de « livre prémonitoire » préconise, entre les lignes, la lutte armée contre les ennemis du nationalisme. Beau programme.
– Une page entière consacrée à Sami Aldeeb, que Pellegrini a rencontré lors d’une autre causerie réunissant des champions de la lutte anti-intégrisme : l’assemblée du Mouvement chrétien conservateur valaisan. Ancien professeur à l’Institut de droit comparé de Lausanne, il affirme, et c’est ubuesque, que l’initiative antiminaret est une chance pour la paix religieuse en Suisse. Personnage qui ose également affirmer sur le blog du même Vincent Pellegrini : « Ceux qui oseront recourir contre la décision du peuple prouveront qu’ils sont pour la dictature et contre la démocratie. » N’importe quel étudiant en droit de première année devrait savoir que démocratie ne signifie pas voter n’importe quoi. La souveraineté du peuple doit être limitée par des garde-fous indépendants (par exemple la CEDH ou Pacte de l’ONU relatif aux droits civils et politiques) qui protégent les libertés fondamentales et les droits de l’homme. L’initiative antiminarets viole clairement certains articles de notre constitution et du droit international impératif. Accuser les opposants à cette initiative anti-minarets d’être des thuriféraires et adeptes de la dictature démontre bien le niveau du débat…
– Christophe Darbellay s’attaque au problème de la burqa : « il suffit de lire la presse internationale et de sortir de temps en temps de chez soi pour voir les tendances qui se dessinent. Il faut réagir avant que cela devienne un problème inextricable. » Pour ce qui est de la compréhension « des tendances qui se dessinent », pas besoin d’être grand clerc pour remarquer que le président du PDC est un spécialiste. Par contre il faudra qu’il nous explique dans quels lieux il se rend pour être confronté au problème de la burqa. Enfin ça doit être dû au fait que Darbellay (comme la journaliste Christine Imsand) semble totalement ignorer ce qu’est une burqa. Parler de touristes du Golfe vêtus de burqa est une ineptie, puisque que ces derniers sont plutôt adeptes du Niqâb… Enfin, on est plus à une ou deux approximations populistes près dans notre pays…
Fernand, à deux doigts de réciter la chahada
décembre 1st, 2009 à 16 h 48 min
A noter que le pseudo Jules Mâchefer, qui sévissait jadis sur Suisse Nette.com, est directement inspiré d’un héros du « Camp des Saints » de l’innommable Raspail, qui a pourtant un si joli patronyme.
Je crois avoir lu que les initiatives étaient invalidées si elles contrevenaient au droit international impératif, effectivement. Apparemment, ici, ce n’est pas le cas. Micheline Calmy-Rey souhaite étendre ces invalidations au droit international tout court. Il serait grand temps.
Saalam aleikum wa ramat’allah wa barakatou.
décembre 1st, 2009 à 19 h 53 min
Bonsoir Fernand, je vous trouve trop dur sur Raspail. Mon excellent confrère journaliste Pascal Bertschy de « La Liberté » a fait le même sujet que moi sur Raspail en tête de page dans son journal le 24 novembre dernier. Voir le pdf à cette adresse :
http://www.laliberte.ch/index.php?contenu=dossiers&dossiers=5&dossier=1870
Et Pascal Bertschy est admiratif pour Jean Raspail comme le montrent ces extraits de son article intitulé « Mon ami Jean Raspail » :
Le vénérable romancier français a tiré une BD, avec la complicité du dessinateur Jacques Terpant, d’un de ses plus beaux livres: «Les sept cavaliers»…
C’est embarrassant, car très intimidant, de rencontrer les gens que nous admirons. Chose à éviter, en particulier avec nos romanciers bien-aimés. Eux, il ne faut surtout pas les voir, C’est ce que disait Arthur Koestler: «Vous venez voir l’écrivain? Méfiez-vous, c’est décevant. C’est comme si, après avoir mangé le foie gras, vous rencontriez l’oie en personne.» Entièrement d’accord, sauf que je viens tout de même de faire une exception: l’autre jour, j’ai revu Jean Raspail. L’écrivain. D’exception, lui aussi. Jean Raspail a 84 ans et toujours grande allure. Avec ses airs de vieux seigneur des Highlands, et son esprit d’aventurier sans peur, il reste superbe. Avec nous, à notre table de restaurant, se trouvait un jeune: Marc-Roland Zoellig, de «La Liberté». Nous avons parlé, du coup, de BD. Du moins des «Sept cavaliers» (chez Delcourt), bande dessinée inspirée d’un de ses romans et que l’écrivain a cosignée avec Jacques Terpant. (…) Un écrivain français octogénaire et royaliste qui fait de la BD: il sait être moderne, Jean Raspail, quand il veut! Merveilleux personnage, en tout cas, que cet ancien explorateur qui a parcouru la planète. Lui, l’ancien ethnologue éperdument curieux de la diversité des hommes, devenu cet écrivain dont chaque livre permet à ses lecteurs de s’arracher à la société d’aujourd’hui, dépourvue d’âme, de foi, de bonté, d’art et de mystère. De mon camarade Zoellig et moi, je ne sais lequel était le plus ému devant Raspail. Déjà, comment s’adresser à lui? Monsieur? Maître? Ou, vu qu’il est aussi consul général de Patagonie (royaume riche de trois mille sujets à travers le monde), Monsieur le consul? Mais Raspail était si amical, et d’une telle simplicité, que j’ai fini par lui donner du «Jean». Il ne s’en est pas offusqué et c’est là que j’ai compris qu’il fallait le considérer pour ce qu’il était: un ami.
Après tout, quelqu’un qui a écrit «Le Jeu du roi», «Les yeux d’Irène», «Sire», «L’Anneau du pêcheur» et «Les royaumes de Borée», en nous ouvrant tant de rêves, qu’est-ce d’autre qu’un ami? J’ignore si Raspail est l’écrivain des causes perdues ou des civilisations qui s’effacent, tel qu’on le décrit souvent. Je sais seulement que, quelque part part entre le Michel Déon des «Poneys sauvages» et le Dino Buzzati du «Désert des Tartares», il compte parmi les derniers enchanteurs désenchantés. Les purs instinctifs. Ceux qui donnent tout son poids à la fameuse phrase de Swift: «La vie est une comédie pour ceux qui pensent, une tragédie pour ceux qui sentent.»
Ce que j’adore aussi, chez l’auteur des «Sept cavaliers», c’est la seule morale qu’on peut tirer de ses récits grandioses. Celle voulant que nous devons toujours suivre nos propres pas, vaille que vaille, quitte à prendre un autre chemin que la masse. Bref obéir aux élans de son cœur plutôt qu’aux mouvements du troupeau… (…) Raspail nous a raconté mille choses, dont celle-ci: il vouvoie les enfants, lesquels sont ravis par cette marque de respect et la lui retournent aussitôt. Et Dieu? Le «vous» est également de rigueur. Tutoyer le Très-Haut? Et puis quoi encore! Les grands écrivains sont d’excellente compagnie. Néanmoins, je déconseille de les rencontrer: on les quitte le cœur pincé. Ainsi après trois heures avec le chantre d’un monde rêvé, à la fois harmonieux, paysan, chevaleresque, joyeux et spirituel, il m’a fallu retourner dans le monde réel. C’est-à-dire dans cette société technocratique, niaise, triste, mercantile et policée qui est la nôtre, sans être pour autant la mienne.
décembre 1st, 2009 à 20 h 13 min
Je ne tiens pas à me prononcer sur cette BD que je n’ai pas lu et qui vaut peut être le détour… Ni sur la personnalité de Raspail dont je ne sais rien. Rien, sauf la lecture du « Camps des saints » qui m’avait donné la nausée…
La prochaine chronique BD, ca sera sur Tardi ou Larcenet ?
décembre 3rd, 2009 à 12 h 10 min
« Le PDC XX réaffirme qu’il y a un problème d’intégration avec les musulmans. A la question de savoir si son combat est motivé par les valeurs chrétiennes qu’il défend, il répond: Le C de Chrétien, c’est la tolérance, la solidarité et le respect de l’autre. Le C ne veut pas dire que nous sommes la carpette du monde, que nous cautionnons la violence, le mariage forcé, le fondamentalisme ou les mutilations génitales. »
Mais qui est M.XX qui a bien compris que pour devenir conseiller fédéral il valait mieux être UDC que chrétien social ?
décembre 3rd, 2009 à 13 h 53 min
A l’intention des carpettes pro-bachi-bouzouks, le minaret do it yourself.
http://www.dirtyhandsprint.com/stuff/miniminaret.pdf