L’enchantement du monde !

A toute époque les voyages ont inspiré les gens de lettre. On parle même d’écrivains-voyageurs. La Suisse a d’ailleurs une grande tradition dans le genre. De Blaise Cendrars à Nicolas Bouvier en passant par Rodolphe Toepfer, Charles Ferdinand Ramuz, ou  Maurice Chappaz, ils furent nombreux à universaliser la dimension littéraire de leurs oeuvres.

On ferme un instant les yeux et on imagine Ella Maillard et Annemarie Schwarzenbach sous morphine déambulant dans les étroites ruelle de Cheberghân. On pense à Nicolas Bouvier réparant par ses moyens sa Fiat Topolino sur les routes de Chiraz pendant que les mots qui formeront L’usage du monde se bousculent dans sa tête. On le revoit désargenté et malade dans un hôtel du Sri Lanka, attendant son rapatriement.  On imagine la douleur qu’a du ressentir Cendrars lors qu’il s’est fait amputer d’un bras. On imagine une vie éloignée de contingences matérielles où il n’est question que de steppes russe, d’opium afghan, de routes de la soie, de mosquées samanides, de brigands baloutches, de joueurs de bouzkachi et de virées libertaires à la limite de son être.
Bienheureusement la tradition du poète-aventurier rebelle persiste et le journal Coopération  de cette semaine nous en donne la preuve en allant interviewer un de ces résistants, Jean-Romain Putallaz. Sur le thème de la moto et du voyage… En lisant son portrait, on y apprend, ce que certaines personnes jugeaient fort probable : outre Aristote, Musil et Flaubert, Jean Romain a un autre maître à penser : sa moto.  Elle a d’ailleurs écrit des sonates pour violon qui resteront à jamais dans l’histoire de la musique classique. Actuellement elle rédige une note critique pour un magazine littéraire sur l’Ulysse de Joyce.

Le portrait de JR laisse également percevoir, à l’instar d’autres écrivains (Baudelaire, Kerouac, Burroughs ou Huxley) un penchant pour les paradis artificiels : « Auteur d’une vingtaine de livres, essais et romans, dont maints passages ont été écrits à l’acide. Ce qui lui va mieux que le froid aristotélicien.« . J’ai jamais essayé le froid aristotélicien mais le LSD et les acides ça reste quand même la base en matière de drogues hallucinogènes.

Plus intéressant encore l’interview de celui qui se définit comme « un philosophe qui roule à moto »  et qui dévoile de manière philosôfique qu’il s’est marié avec sa moto. Si elle parle latin et trouve que l’islam c’est satan, ça va, sinon on appelle cela du modernisme et c’est proscrit par le dogme et la tradition, monsieur.

Fernand, en voyage aux mayens d’Arbaz

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