Que c’est doux*

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Youppie, les primes de l’assurance-maladie vont prendre l’ascenseur. Heureusement, dans Le Nouvelliste de mercredi, Yves Seydoux, le porte parole du Groupe Mutuel, a la gentillesse de nous dire pourquoi c’est le cas, et comment limiter la casse pour le futur.

Pour le pourquoi, il nous explique que les primes ont été fixées trop bas ces dernières années, car «il y avait (…) une pression politique». La brièveté de l’interview ne lui a malheureusement pas permis de préciser que celle-ci était due à deux votations: celle sur la Caisse unique en 2007; et celle de l’année suivante qui proposait entre autres la «liberté» de contracter (pour les assureurs). Pour que la première ne passe pas et la seconde oui, il fallait caresser dans le sens du porte-monnaie le citoyen, donc ne pas trop hausser les primes ces deux années. Mais aujourd’hui, c’est du passé, et malgré l’échec de la seconde, les assureurs veulent récupérer l’argent perdu. C’est bien normal, non?

Concernant la limitation des coûts de la santé, Seydoux a la solution: «Il faut (…) que l’on puisse mettre en concurrence les hôpitaux». Aahhh! La concurrence, source d’efficience et de bien-être général. Il précise que: «les établissements hospitaliers feraient des offres qui seraient ensuite sujettes à négociation». Ainsi, les concurrents se feraient une guerre économique en proposant les offres les plus avantageuses, afin d’attirer chez eux les assureurs. Et pour proposer les prix les plus bas, on peut imaginer diverses solutions: des opérations poutzées le plus vite possible parce que le temps, c’est de l’argent; le patient renvoyé à la maison juste après l’opération parce que le séjour à l’hôpital coûte cher; quant à ceux qui n’auront pas les moyens, on leur préparera des hôpitaux discounts; sans oublier les salariés de l’hôpital qui devront accepter de travailler plus pour gagner moins. Cela donne envie de tomber malade.

Par contre, ce que Seydoux ne dit pas, c’est qu’on devrait aussi mettre de la concurrence entre les assurances. Car si j’en crois l’Office fédéral de la santé publique dans sa Statistique de l’assurance-maladie obligatoire 2007 (page 70), les cinq plus gros assureurs regroupent le 43% des 7’537’587 assurés; et les dix plus gros le 66%. Et la concentration est probablement plus importante, car bizarrement le tableau sépare des caisses qui ont pourtant fusionnées. Bref, on est sans doute en face d’un bel oligopole. C’est-à-dire des entreprises qui s’entendent pour fixer le prix de leurs prestations, histoire de se faire un max de blé sur le dos de leurs clients. En tous cas, si Seydoux veut un conseil pour baisser les coûts de la santé, je lui propose pour commencer de se battre pour casser cet oligopole.

Croquignol

* Chapeau

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