Youpi, on est reparti!

Bien loin de ces habituels pompages à Aristote le seul frère Putallaz qui assume son nom de famille nous gratifiait ce jeudi carrément d’un reportage à chaud sur le terrain. C’était à mi-chemin entre le témoignage poignant d’un reporter de guerre et les billets d’humeur des rédactrices du NF. Vous voyez le genre. Non ?

Bon, enfin bref, il félicite le rédac en chef qui s’est à nouveau lancé avec ferveur dans une lutte difficile, pour une cause à contre courant, dans un combat épique loin des ornières de la pensée commune honnie : l’état lamentable des rames de chemin de fer que les CFF mettent sur la ligne du Simplon. JFF a sans doute dû trouver que défendre un débat sur la peine de mort pour les tueurs d’enfants était un peu plus dur que de condamner la pédophilie ou réclamer un plan alerte enlèvement. Il parait qu’il passe deux heures par jour à répondre au lectorat en colère. On se demande bien ce que ce sera quand il prendra enfin des positions courageuses (genre remettre en question le troisième siège PDC au gouvernement)…

Pour en revenir aux wagons de nos amis de la grande régie, François-Xavier (car c’est de lui qu’il s’agit) n’a pas de mots assez durs pour qualifier l’attitude dédaigneuse des CFF face à l’usager valaisan et à sa colère légitime. Et il sait de quoi il cause puisque, nous avoue-t-il, il lui arrive de travailler plus de dix heures d’affilée dans un autre canton (mais catholique quand même, faudrait pas déconner) et que pour rentrer, il prend le train, et en deuxième classe même. Plongeant avec allégresse dans le reportage en immersion, F.-X. nous parle de sa vie et de ses contacts aussi épisodiques que périlleux avec les contrôleurs, êtres fourbes et mystérieux. Avec un terrible accent rocailleux, ils vous crachent au visage des excuses fallacieuses et abscondes qui ont peine à cacher le profond mépris qu’ils éprouvent pour la détresse légitime du passager fourbu. Il évoque avec courage et dignité le chaos dans lequel il doit passer toute une heure entre Lausanne et Sion : bruits assourdissants, soubresauts continus, portes fermant mal et toilettes ouvertes sur les voies (ce qui fait qu’à Bex, on peux même pas aller faire pipi pendant l’arrêt en gare !). On n’est pas loin des wagons plombés, moi je vous le dit. Si nous ne prenons pas garde, si nous laissons taire la colère qui mène notre juste cause, si nous cessons un jour de dire notre mécontentement aux CFF, c’est sûr, ils nous feront voyager en bétaillère ! Amis, la route est longue et la pente est raide : courage, lutons !

Ce que je ne m’explique mal, par contre, c’est pourquoi un professeur de philosophie, qui en temps normal prône un conservatisme éclairé et un retour aux vraies valeurs loin du consumérisme ambiant et de la course à la modernité que nous impose cette société malade, pourquoi et comment cet homme qui aspire à l’essentiel en Dieu et conspue le superflu séculier se laisse emporter quand, durant une heure, il ne peux pas écouter l’intégrale de Carlos et d’Annie Cordy qu’il a potcasté  sur son iPod.

Voilà, sort de mon wagon, que je m’en fume un bien tassé, les pieds sur la banquette,  tiens.

Alcazard, Doudou di’don

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