Le Jean-Ro du jour

Ah, le bel exemple de pensée puttalienne auquel nous avons eu droit ce matin. Jean-Ro profite en effet honteusement de la mort accidentelle d’un jeune skieur sous une avalanche pour déverser son fiel haineux sur, dans le désordre : les d’jeun’s, la modernité et la recherche incessante de fun qui anime cette jeunesse écervelée, décadente et acnéique.

Ça commence dès la première phrase, sans le moindre complexe : « …j’ai aperçu ces néoskieurs, amples vestes, planches de surf et grosses bottes, prendre d’assaut les remontées mécaniques. Vive le hors-piste, vive le ski moderne… » Oh, le beau gros préjugé que voilà. Comme il est bien senti, assumé et posé avec grâce, comme un étron sur un napperon en dentelle. Comme si, parce que ces empotés pré-pubères ne sont plus vêtus de chaussettes montantes et de pantalons en peaux d’animal mort et qu’ils trouvent qu’il y a mieux que le télémark, ils vont forcément, arrivés au sommet du tire-fesses, se jeter dans la poudreuse.

Et qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire « vive le ski moderne » ? Pourquoi c’est moderne le hors-piste ? Que je sache, il est historiquement prouvé et avéré que  le ski a existé bien avant les pistes éponymes et donc qu’on skie hors-piste depuis que l’on a foutu les premières douves de tonneau au premier touriste hollandais du monde. Rien à voir avec une prétendue et fantasmée dégénérescence des mœurs et de notre société. Ce qui pousse les cons (souvent jeunes il est vrai) à faire encore du hors-piste en dépit des risques, c’est la soif d’absolu, le désir illusoire de liberté et le besoin viscéral du bonheur. Ce sont ces mêmes raisons d’ailleurs qui poussent les vieux cons à faire de la moto. Qu’on se berce de la douce illusion de liberté les cheveux dans le vent à seize ans, c’est humainement compréhensible. Qu’on en soit encore réduit à ça à presque soixante pommes, ça frise le pathétique.

De plus, malgré son inaptitude patentée et certifiée à toute forme d’humour, il se lance, non sans courage, dans une diatribe dithyrambique au second degré. J’essaye de vous résumer en gros, ce n’est pas facile. Si j’ai bien tout compris : les d’jeun’s c’est des cons parce qu’ils font rien qu’à skier là où il n’y a pas de cadre légal parce que la montagne c’est une vieille réac et qu’il faudra en faire un de cadre légal parce que les parents des enfants morts, après, ils vont rien que faire des procès parce qu’eux aussi ils sont bêtes, contre la montagne que elle est qu’une grosse facho de réac passéiste ». Ah, c’est du lourd, ce n’est pas pour les simples mortels c’tte philo à quatre balles. Si vous n’avez rien compris, c’est normal. Vous n’êtes pas équipé pour.

En fait, ce n’est pas un édito. C’est un grand sac dans lequel Jean-Ro a jeté pêle-mêle toutes ses haines et ses peurs. Ça ne ressemble à rien et ça sent très mauvais. Si ça l’angoisse tant que ça de voir les gens s’amuser en station faut qu’il reste en plaine le Jean-Ro.

Maintenant sortez de ma chambre, je farte.

Alcazard, adepte du ski-bar

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