De la luge comme pression fiscale insupportable

Grand dieu! Voilà que Vincent Pellegrini me félicite pour mon précédent article. Diantre, il me faut absolument réagir.
Si j’ai bien compris, notre cher Vincent est en congé forcé des suites d’un terrrrrrible accident de luge. Du coup, en lecteur attentif de ses éditos, je me dis: «en voilà un qui va encore alourdir les charges sociales qui écrasent de leur poids insupportable les épaules de ces pauvres patrons». En effet, si je me souviens bien, un de ces derniers éditos de décembre concernait justement ces charges sociales.
Il nous disait en substance: les pays européens nous attaquent car notre système fiscal trop avantageux attire l’argent de leurs contribuables. D’après Vincent, ces fuites leurs sont imputables, car leurs charges sont trop lourdes. Donc s’ils veulent que l’argent de leurs patrons reste chez eux, ils n’ont qu’à s’inspirer de notre système (CQFD). Voilà qui est très convaincant, du moins si l’on ne se pose pas de question sur ce qu’est une charge sociale.
D’abord le mot «charge» en tant que tel. C’est le cas typique de la novlangue imposée par la droite libérale. On trouve dans le même genre des termes comme: «flexibilité» à la place de travail sur appel; «plan de restructuration» qui sonne mieux que licenciement collectif; ou le dernier-né «croissance négative» qui fait moins peur que dépression économique.
Dans le cas de «charges» sociales, cette expression est utilisée pour remplacer le terme un peu trop sympathique de salaire indirect. Ces «charges» correspondent à l’argent que doit verser l’employeur pour assurer des prestations sociales à ses salariés en cas de chômage, pour la retraite ou lors d’accidents de luge, par exemple. Cet argent fait partie intégrante d’un salaire global que nous ne touchons certes pas toutes les fins de mois (ouf…). Mais si ces «charges» sociales n’existaient pas, adieu retraite, congé maternité, allocations chômage,…
Qu’un patron se plaigne des charges sociales qui représentent pour lui le coût du travail, qu’il juge le salaire de ses employés trop élevés, ça paraît assez logique dans notre système. Par contre, lorsqu’un salarié –comme notre cher confrère– fait de même, cela paraît plutôt bizarre. Ou bien j’ai loupé une étape: Le Nouvelliste lui appartient?

Vincent, la greu n’est pas une piste de luge, alors sors de ma chambre.

Croquignol

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