De droles d’animaux sur nos routes
J’ai pris le bus postal à l’arrêt Blignou sur Ayent. J’y suis monté, avec, à la clé, la déception de ne pas tomber, comme c’est quelquefois le cas, sur le chanteur Bernie Constantin. Bernie a cette rare faculté de passionner son auditoire en lui contant une époque que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaitre. Un temps où il jouait du Robert Johnson en compagnie de l’autre Robert, Zimmerman, dans les salles enfumées de Greenville, Mississippi. Un temps où il écumait avec Neil Young et Léonard Cohen les pubs de Chattanooga dans le Tennesse…
Je me suis donc, faute de discussion et de lecture, concentré sur le paysage magnifique de la rive droite du Rhône. C’est à Champlan (Grimisuat), haut lieu du journalisme chrétien-conservateur-coincé , que j’ai eu une vision d’horreur. (D’ailleurs est-ce vraiment un hasard ?) Trois corbeaux haineux, tenant dans leur bec, non pas un fromage, mais une figurine représentant la Suisse. Sous le dessin, un texte, simple, percutant: « Ouvrir la porte aux abus ? NON ». Le tout griffé du magnifique logo de l’UDC. Je me trouvais en présence de la fameuse affiche de campagne du parti agrarien (mais pas trop)
Comme le rappelle mon confrère Alcazard, cette campagne politique sur l’extension des bilatérales à la Bulgarie et à la Roumanie, est, une fois de plus, entamée de la manière la plus ignoble, xénophobe et populiste qui soit de la part du premier parti de Suisse.
Le choix de l’affiche en fait pleinement partie. Il ne doit rien au hasard. Quiconque a étudié, même de manière succincte, l’histoire de l’affichage politique dans les années 30 n’aura aucun doute sur la filiation des dernières lithographies de l’UDC. C’est sans conteste inspiré des affiches frontistes suisses des années 30, elles-mêmes inspirées par l’affichage nazi. C’est le style pictural expressif, référentiel à un certain art allemand de l’entre-deux guerres. L’iconographie est la même. L’emploi d’animaux honnis pour caractériser ses ennemis est omniprésent. (Rats, serpents, corbeaux..). Traditionnelle manœuvre de propagande fasciste afin de déshumaniser l’adversaire, l’ennemi, lui supprimer son altérité, son appartenance à la communauté des Hommes. Le déshumaniser, c’est la première étape qui justifie qu’on puisse le traiter de manière non humaine par la suite. Aucun scrupule de la part des militants nationaux-populistes à montrer les socialiste en rats ou les roumains en corbeaux haineux.
Les ennemis changent mais la haine, la négation de l’homme persistent. Au peuple suisse de répondre de manière appropriée à la xénophobie agrarienne en glissant un OUI dans l’urne le 8 février prochain.
Fernand, lola berlingophile
janvier 9th, 2009 à 10 h 33 min
Quand on a pas d’imagination et moins de 20 neurones, il est difficile de créer des campagnes publicitaires intéressantes et novatrices. Je reviendrais pour ma part à la gravure sur bois ou à la taille de la pierre, je trouve leur graphisme encore un peu moderne… et franchement laissez ces pauvres animaux tranquilles… Cher Fernand, je vous rejoins, cet étalage de zoophilie est honteux.
janvier 9th, 2009 à 13 h 45 min
C’est vrai Boris, vous avez raison, je suis coincé, mais pas pour la raison que vous croyez. J’ai fait une très mauvaise chute en luge dont je me remets avec peine et je vous suis chrétiennement reconnaissant de m’avoir quelque peu épargné durant ma convalescence, notamment dans le Peuple valaisan. Je vous revaudrai ce geste – apprécié à sa juste valeur – de charité chrétienne. Comme quoi les bons chrétiens ne sont pas toujours ou l’on pense. Très bien votre texte sur la manif en faveur des victimes palestinennes innocentes.
Votre Vincent Pellegrini (je sais je suis invivable mais sans moi ou trouveriez-vous votre inspiration?)
janvier 9th, 2009 à 16 h 59 min
Cher Vincent, nous avons naturellement appris votre chute en luge comme tout valaisan en lisant l’édito du nouvelliste de mercredi. Je me permets de vous souhaiter un prompt rétablissement. Vous êtes quand même notre meilleur ennemi idéologique.
Par contre, si vous pouviez éviter de m’appeler Boris. Ledit personnage est extrêmement laid et est un crypto-communiste deleuzien inspiré par Céline Dion alors que je suis un néo-constructiviste à tendance bourdieusienno-hallydienne. Quant à Croquignol, qui a écrit l’article sur la Palestine, personne ne le connait, et semble être un sdf de la plume engagé au noir pour combler le manque de moyens de la rédaction du blog.
Cordialement, Fernand
janvier 9th, 2009 à 18 h 26 min
Mes plates excuses Fernand et également mes cordiaux messages. Entre extraterrestres nous devrions nous comprendre puisque je suis un scolastique anarcho-épicurien
Vincent
janvier 11th, 2009 à 12 h 23 min
Vincent, ce n’est pas parce que tu te prends pour un scolastique anarcho (je pouffe!)-épicurien coincé que tu dois délaisser l’orthographe! J’en parlerai à Jean-François!
Simone.